Le village avant les combats

La guerre est déclarée depuis le 3 septembre 1939. L’offensive allemande commence le 10 mai, un avion en difficulté lâche les premières bombes à l'interception de la rue Pierre Delcourt et de la Gare. Le 16 mai en début d'après midi, Peruwelz fut bombardé par 3 avions qui larguent 27 bombes de 50 kgs. Dans la nuit du 18 au 19 mai Saint Amand subit son premier bombardement. Les aviateurs allemands témoignèrent d'avoir reçu l'ordre de bombarder les agglomérations pour en faire partir les habitants et encombrer les routes afin de retarder la montée des troupes françaises. Dés le dimanche 12 mai, les premiers civils belges fuyant les combats traversent le village ( voir "mon exode" par lucien Dewez). Au fil des jours, les colonnes interminables de réfugiés traversent le village emportant dans la hâte mobilier, bagages, vivres entassés dans les moyens de locomotion les plus divers. Ils sont apeurés, fatigués, ils motivent leur exode avec force détails. Le doute, la peur s'installe dans l'esprit des gens et chacun envisage l'heure proche ou il devra à son tour prendre la route et abandonner sa maison.

Entre temps les préparatifs ont eu lieu sur le territoire d'Odomez. Un fossé antichar a été creusé entre le bloc du Cimetière et celui de la ferme Bar. Il se poursuit vers le bloc de Fresnes ouest sans l'atteindre. 

Le 22 janvier 1940, le sergent Fauconnier Alfred du 54ème RIF décède suite à un accident. Il est inhumé dans le cimetière civil.

L'évacuation

Dès le début de la guerre des mesures administratives avaient arrêté les détails d'une évacuation massive et la population ne l'ignorait pas.
Au village l'ordre d'évacuation de la population a été prononcé le 19 mai 1940, mais des départs volontaires se sont réalisés dés l'apparition des premiers évacués belges. Dans la précipitation chacun emporta l'indispensable le plus souvent dans des charrettes à bras. Le flot de réfugiés se dirigea vers Saint Amand pour gagner ensuite la région lilloise ou le bassin minier du Pas de Calais en empruntant le plus souvent des chemins de traverse pour laisser libre les routes à la circulation militaire. Le lundi 20 au matin, le village avait perdu la totalité de ses habitants.
Au fil des jours, leur situation devient critique. Les différents services publics du fait de l'exode étaient inexistants tels que postes, services administratifs, moyens de communication. Le problème de ravitaillement se posa rapidement et devint insoluble, les boulangeries, boucheries, magasins d'alimentation avaient fermé leur porte. L'avance foudroyante des armées allemandes désorganisa les moyens de transport par voie ferrée. Sans moyen de transport, ils ne pouvaient aller bien loin 
Leur retour s'échelonna à partir du 28 mai.

Le retour au village

Les maisons d'Odomez ont été beaucoup moins sinistrées que celles de Bruille saint Amand, la densité des habitations était nettement inférieure dans notre commune. J'ai pu constater, que les habitations qui se trouvaient à proximité des ouvrages militaires qui par conséquent permettaient aux soldats de s'y réfugier, ont été particulièrement concernées par les destructions. Soixante et onze ans après les évènements de 1940, la trace de la mitraille apparaît encore sur certaines constructions, notamment sur la face ouest de l'école primaire.
Au quartier de la gare, la propriété de mes parents a été la plus touchée plusieurs obus ont atteint leur objectif. Un locataire âgé monsieur Adolphe Leclercq n'a pas pu être relogé. La trace d'un impact d'obus est toujours visible dans l’ex ferme de monsieur Emir Bocquet. Au carrefour de la rue de la Haute Ville et de la rue du Buiron, l'habitation d'Edouard Camberlin a été détruite. Face au blockhaus du cimetière de la rue du Buiron,  l'habitation de la famille Quénoy a été en partie détruite (voir la photo du cimetière militaire). J'ai gardé le souvenir de ruines à l'extrémité de la rue des Chorettes sur le territoire de Bruille saint Amand.

Témoignage de Bernard Dochez

Témoignage d'une adolescente

Le 19 mai 1940 - Départ de Fresnes sur Escaut à 5h30.Passage à Odomez, Notre Dame au Bois, la Taillette, Saint Amand les eaux, arrêt à Sars et Rosières.
Le 20 mai - Départ pour Marchiennes à 4h30. Passage à Vred, arrêt à Flines les Raches
Le 21 mai - Départ de Flines les Raches, passage à Roost Warendin, Raimbeaucourt, Ostricourt, arrêt à Carvin
le 22 mai - Départ de Carvin à 7 heures, passage à Oignies puis direction Meurchin
le 23 mai - Evacuation forcée du village de Meurchin, à 9 heures direction Allemes les marais.
le 24 mai - Arrivée à Wavrin, séjour jusqu'au 2 juin
le 3 juin - Départ de Wavrin à 6h30, passage à Don, Annoeulin, Allemes les Marais, Gondecourt, Seclin, Avelin, arrêt à Auchy les Orchies
le 4 juin - Départ d'Auchy les Orchies à 4h30, passage à Beuvry la Foret, Rosult, Saint Amand les Eaux, la Taillette, Notre Dame au Bois, Odomez, Fresnes sur Escaut

Extrait d'un rapport circonstancié d'une adolescente

Témoignage d'un habitant du village

Avec mes parents ma grand mère, mon arrière grand-mère, voisins et amis de l'estaminet, en tout 10 personnes, nous avons quitté Odomez le 19 mai en début de soirée. Après avoir entendu la déflagration due au dynamitage du pont du Sarteau et par voie de conséquence le tarissement du flot de réfugiés, mon père décida de partir. Un cabriolet voiture hippomobile légère à 2 roues avec capote, déniché dans une cour de ferme servit de moyen de locomotion. A la place du cheval, dans les brancards s’attelèrent mon père et notre voisin Firmin Pouille, ancien conseiller municipal d'Odomez, ancien combattant de la première guerre mondiale de 1914-1918, porte drapeau à Odomez. Drapeau avec lequel nous évacuâmes.
La 1er nuit du 19 au 20 mai nous l'avons passée sur le trottoir à l'entrée de la rue des Anges sur la grande place de Saint Amand les Eaux. Le 20 mai, après la traversée de la ville, nous sommes passés au pont d'Hasnon nous avons ensuite emprunté le chemin de halage de la Scarpe jusqu'à Warlaing. Nous nous sommes réfugiés dans une écurie pendant le bombardement en cours à la sortie de Wandignies-Hamage. Couché au sol, j'ai été protégé instinctivement par le corps de ma mère et celui de mon père. Après avoir repris la route nous passâmes sur le lieu d'un carnage indescriptible qui marqua à jamais mon existence.
Chronologiquement, nous sommes passés à Marchiennes, Lallaing, Roost-Warendin, Leforest, puis retour sur le chemin inverse. C’est dans une ferme à Marchiennes que nous avons vu les premiers soldats allemands qui investissaient la ville camouflés je me souviens avec des branchages. Ils interpellèrent ironiquement en français les évacués que nous étions. Par déduction ce devait être le 27 ou 28 mai, date à laquelle nous avons réintégré Odomez après bien des tribulations.

Témoignage de Bernard Dochez qui avait 5 ans