Les combats vécus par les 2 parties

Les témoignages sur les combats de l'Escaut et sur notre commune sont nombreux Nous pouvons citer: 

  • Le royal des vaisseaux dans la tempête" par le colonel Veyrier du Mureau, imprimerie Oberthur Paris-Rennes.Ecrit par l'ancien chef de corps en mai-juin 40.
  • "Avec ceux du 43e d'Infanterie" par Claude Artiges, editions Dereume, Bruxelles,1972. Écrit par un ancien caporal mitrailleur au 1er Bat, pas mal du tout.
  • -"1940, la 1eère Division d'Infanterie Motorisée combat glorieusement DE LA DYLE AUX DUNES" par Georges Lecutiez, disponible auprès de l'amicale Flandres-Dunkerque. Écrit par un ancien Lt de la  1 ére Division.

Du côté allemand, les récits sont peu nombreux sur ces combats. l'un des seuls moyens est de retrouver l'histoire par les témoignages des solbuchs. de chaque jour. Le soldbuch, c'est le livre de solde du soldat ou la solde qu'il touche apparaît, y compris ses permissions, ses dotations en matériels, ses décorations reçues; des infos personnelles sur lui sans compter les séjours à l'hôpital, ce qui fait en sorte une carte d'identité du soldat qu'il présente en cas de contrôle. 

Les combats du coté Français

Le mardi 21 mai
Les combats débutent vers midi par un bombardement. Le positionnement des troupes sur notre commune était le suivant:

  • Le bloc Granit dont l'équipage est commandé par le lieutenant Joly de la 1ère compagnie du 1 er bataillon du commandant Caillard. Les intervalles à proximité du bloc sont commandées par le lieutenant Dufour du 2éme bataillon du commandant Monnier.
  • Le bloc Diamant est tenu par le 54° RIF.
  • Le bloc de la ferme Bar est tenu par le 110° RI. Dans le bosquet à proximité de la ferme, la troupe du 43 iéme RI est commandée par 3 officiers: le lieutenant Leblon de la 1 iére compagnie du 1 ier bataillon, le lieutenant Pommier de la CAB1 du 1 ier bataillon ( compagnie d'accompagnement du 1 er bataillon) et le sous lieutenant Martinie de la 5 iéme compagnie du 2 iéme bataillon.
  • Le bloc d'Odomez Est est tenu par le 54 iéme RIF
  • Le bloc du Cimetiére dont l'équipage est commandé par l'adjudent chef Noirmain de la 3 iéme compagnie du 1 ier bataillon du 43 RI
  • Le point d’appui de la soierie est tenu par le 110° RI.

Le mercredi 22 mai
Suite à la décision de relever le 110° du secteur central et de le regrouper sur la ligne d'arrêt, le 43° élargit son front vers la droite. Pour le garnir, le QG fait monter le 1° bataillon du commandant Caillard réduit à 2 faibles compagnies. Il place son PC dans une maison de la Haute Ville, située au n° 26 et 28 devenu 400 et 410 à ce jour.

 Les blocs Granit et du Cimetière gardent leur équipage mais passe sous son autorité. Les compagnies sont réparties avec :

  • un Point d'appui à droite du lieutenant Dufour 2éme bataillon dans l'intervalle existant entre le bloc Granit et le point d'appui de la soierie.
  • un Point d'appui central du lieutenant Leblon établi dans le boqueteau situé entre le bloc du Cimetière et de la ferme bar tenu par le110°RI.
  • un Point d'appui à gauche du lieutenant Coze 1er bataillon 2éme compagnie intervalle entre la voie ferrée et l'ancien chemin de la gare situé derrière le cimetière de la Haute Ville. 

 Le jeudi 23 mai
Dans la nuit du 22 au 23, les éléments restants du 110° sont relevés par le 2ème bataillon du 1° RI qui s'installe entre le bloc Diamant et les blocs de l'ancienne fosse Trou Wez. Le 3ème bataillon Pesnel du 110ème s'installe sur la position d'arrêt vers casemate du Coucou.

Le samedi 25 mai
Dans la nuit du 24 au 25, l'ordre est donné au 3/110ème RI au commandant Souhard de remonter en ligne pour renforcer le point d’appui central et assurer la soudure entre 1er et le 43ème. La section arrive à la Haute Ville vers 6 heures.
Le commandant Caillard regroupe la valeur de 2 sections et s’installe sur la ligne d'arrêt de part et d'autres de la casemate de Hauterive.

Le dimanche 26 mai 
Vers 12 h 15, l'ordre de repli est donné vers la ligne d'arrêt en direction de la casemate Hauterive et de Rosiéres. 

Les combats du coté Allemand

Le 21 mai par Helmut Römhild

Escaut  21 mai 1940.
L'ordre divisionnaire prioritaire pour la prochaine journée du 21 mai 1940 est l'attaque de Condé, à partir 06h00 avec deux têtes de pont, Hergnies (I. / IR 489) et Condé (II. / IR 489). Les forces engagées sont:

  • un détachement blindé de la 2Sp 670 
  • 1 batterie d’artillerie anti-aérienne de 88 millimètres
  • 2 compagnies antichars Pz Abt(eilung) Jag 269 
  • 2 compagnies de pionniers du Pi Btl 269 (vérification des ponts minés et de leur déminage éventuel ) dotées d’éléments de pont sous les ordres Oberst Badinski (IR 489).
  • L'artillerie divisionnaire, renforcé de 3 groupes lourds appartenant au corps d'armée Arko 108 (Artillerie-Kommandeur 108) pour fournir un soutien à l'effort principal de Condé.
  • Le régiment d’infanterie IR 490 restera sur ses positions. Dans le cas d'une percée réussie sur le pont de l’Escaut, il se dirigera vers Saint-Amand.

Quant à l'ennemi, le 20 mai 1940, une D.I.M (division d’infanterie motorisée) française se positionne sur la rive de l’Escaut entre Fresnes sur Escaut et Bruille St Amand.

  • Le 43eme RI positionne en direction nord-sud son 2éme bataillon (avec 50% de son effectif) et son 3éme bataillon (avec 60% de son effectif). Son  1er bataillon (avec 30% de son effectif) se place au centre.
  • Le 1er RI  place ses deux bataillons (50% des effectifs chacun) au sud.
  • Le 110éme RI reste en réserve.

Le matin du 21 mai 1940, un épais brouillard enveloppe les rives du fleuve, l'attaque est lancée à 08h00 heures.  En milieu de matinée, de mauvaises nouvelles atteignent le PC de la division:

  • En dépit de la violence des tirs, l'artillerie ne peut pas détruire le pont à Hergnies. Les troupes allemandes sont en couverture de l'ennemi (Ensemble des moyens militaires servant à se protéger d’une attaque) par des tirs de barrage plutôt que de mener à bien ses tâches.
  • À Condé, les troupes d’assauts sont arrêtées par des fortifications bien protégées et fortement habitées.

Quand l'ennemi fait feu sur le flanc de la colonne d'Odomez, et qu’un chasseur de char du Pz Abt 670 Jag saute, l'infanterie se met de nouveau en position de couverture. De l'officier au sous officier aucun ne garde les idées claires. Le chef de la compagnie antichars signale à son 3e Peloton de se déplacer vers la droite pour charger le bunker, mais ce signal a été pris comme un ordre de retrait pour l'infanterie. L’attaque est interrompue avec de lourdes pertes, deux véhicules appartenant à la compagnie suivante sont tombés dans le canal.
À midi, le Commandant de la II. / IR 489, le Major Lindemann entre en contact avec le PC divisionnaire (Ernst-Eberhard Hell) par téléphone et fait son rapport sur la situation à Condé. Il demande un appui de l'artillerie lourde afin de briser la volonté des défenseurs.
Durant l'après-midi, dans le respect des ordres de la division, l'IR 489 prépare un nouvel assaut.  Le I. / IR 489 à Hergnies pour tenir la rive sud avec des groupes d'assaut  solides alors que le II. / IR 489 est allé à l'attaque de Condé, mais une attaque frontale contre les positons fortifiées n'apporte pas le succès.
À la gare principale de Bonsecours 80 blessés sont réunis. Pendant la nuit du 22 à 23 mai 1940, la compagnie sanitaire 2/269 a compté 104 hommes blessés et 22 hommes malades.
Après cette journée, l'effort principal est déplacé à Valenciennes et au sud vers Orchies.
Selon les AA 269

  • La journée du 22 mai 1940 
    • à 13:45 la bordure ouest de Vicq est encore occupée 
    • Après 16:00 heures : le 269 AA mène des actions de reconnaissance le long de la ligne Valenciennes  Bavai, puis il prend position.
  • La journée du 23 mai 1940
    • à 06:15 heures : l'AA 269 fait état d'une forte colonne ennemie (britannique) qui se déplace au sud de Bavai.
    • À 06:30 heures : des tirs d'artillerie sur  Thulin
    •  À 07:00 heures: Hulin est saisi par l'ennemi (britannique); peu après, le 269 AA se retire vers le nord du canal de Thulin.

 

Source: Histoire de la division d'infanterie 269. Helmut Römhild. 
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Le Soldbuch de Guillaume Schumer

Le Soldbuch de Guillaume Schumer
Le Soldbuch appartenait à Guillaume Schumer (né en 1915), un pharmacien de Soest. À la fin du mois d’août 1939, il est affecté comme sergent à la 9e compagnie de l'IR469 nouvellement créé 269 Division d'infanterie.
Le  10 mai 1940, l'invasion des Pays-Bas commence, il est alors transféré à la 7e compagnie. Il démarre à la pointe sud de la Hollande et traverse le canal Albert  juste au sud du célèbre Fort Eben-Emael. Puis, il se dirige dans le sens de Liège et Namur. Le 269 ID assiège le vieux fort Suarlée. Après la chute de la forteresse de Namur, il marche en direction de Valenciennes, c'est là qu'ils vont se battre et vivre la plus lourde bataille de cette campagne.
Dans les années 1930, les Français ont enrichi la frontière nord avec des forts, des bunkers et des fossés antichars. Cette partie de la ligne Maginot n'est pas aussi forte que celle de la frontière orientale, mais n'est pas complètement sans valeur non plus.
Le 21 mai 1940, le 269ID a pour mission de percer la ligne Maginot dans le "Secteur Fortifié de l'Escaut". La tâche ne sera pas facile, les Français ont construit des forts sur plusieurs lignes défensives. Le premier obstacle est l'Escaut bordé d’une zone marécageuse, puis un fossé anti-char à sec, des bunkers et de multiples blockhaus.
Les premiers assauts ayant échoué, IR469 reçoit l'ordre de traverser l'Escaut le 24 mai à Hergnies.
Les combats sont féroces, ils parviennent à franchir l'Escaut, mais pas le fossé antichar, ils sont coincés dans les marécages, les pertes sont élevées.  Wilhelm Schümer est l'une des nombreuses victimes de ces jours de combat. Il est blessé par un éclat d'obus, sa blessure est assez sérieuse et il restera à l'hôpital jusqu'au 1er août 1940.
Les Français détiennent le secteur fortifié de l'Escaut jusqu'au 27 mai, c'est la pointe la plus méridionale de la poche de Dunkerque.

Extrait d''un forum